Tout le monde a entendu parler du cas de l’ERIKA; le pétrolier qui a coulé au large des côtes de la Bretagne en Décembre 1999 déversant des milliers de litres de pétrole sur les plages et causant ainsi une catastrophe écologique majeure.
Après des années de procédures judiciaires, l’affaire criminelle a finalement débuté devant les Tribunaux Français.
Il est peu surprenant de constater que les Français se déchirent entre eux. Les media et les groupes de défense de l’environnement blâment Total, le groupe pétrolier français géant; une cible facile et la cause apparente de la pollution, la seule organisation avec un portefeuille bien garni.
Un rapport des experts communiqué au Tribunal de Dunkerque en 2005 (“le Rapport des Experts”) ne considère pas TOTAL comme un coupable. En se basant sur les faits et en évitant de laisser l’émotion prendre le pas sur les faits, le Rapport des Experts montre que l’ERIKA a coulé à cause des pratiques frauduleuses et des négligences flagrantes des autres et en particulier du RINA – l’autorité italienne chargée de certifier la navigabilité du bateau – et d’un inspecteur indépendant chargé de superviser les travaux structurels qui n’ont jamais été effectués sur le bateau… mais pour lesquels le propriétaire a payé.
Si l’ERIKA a coulé à cause d’une grande tempête, tous les regards pourront se tourner vers TOTAL. Mais, si le décès de l’ERIKA est en fait le résultat d’une combinaison à la fois de négligence flagrante et de comportements frauduleux, les vrais responsables devront être ceux poursuivis criminellement.
Le Rapport des Experts devant le Tribunal de Dunkerque en 2005 conclut que:
· Le RINA a certifié à tort l’ERIKA et a commis une grave négligence;
· Le RINA n’a pas mené les vérifications nécessaires du rapport de l’expert indépendant;
· Le RINA n’a pas pris en compte les rapports de ses propres experts avertissant que les niveaux de corrosion du bateau nécessitaient d’avantage de contrôles techniques;
· L’expert indépendant embauché pour contrôler les travaux effectués sur l’ERIKA n’a en fait rien contrôlé du tout, pire son rapport de 225 pages:
§ Mesure de manière erronée la structure de l’ERIKA,
§ Evalue de manière erronée les travaux à entreprendre sur l’ERIKA, minimisant dramatiquement les renforcements en métal à faire sur la structure du bateau,
§ Ne contrôle pas correctement les travaux effectués sur l’ERIKA,
§ Etablit que tous les travaux ont été effectués sur l’ERIKA alors qu’ils n’ont PAS été effectués,
§ Déclare qu’il a effectué un travail qu’il lui était techniquement impossible d’effectuer;
§ Déclare au RINA que l’ERIKA peut recevoir la pleine certification.
Sur cette base, le Rapport des Experts conclut qu’il n’était pas possible de connaitre les conditions structurelles de l’ERIKA quand le bateau a quitté le port pour son dernier voyage. Tous les rapports sur les travaux effectués et les certificats se conformaient à la législation et montraient que le bateau était parfaitement en état pour prendre la mer.
A partir de l’analyse de l’épave de l’ERIKA, Le Rapport des Experts montre que le RINA n’aurait pas du délivrer les certificats autorisant le bateau à naviguer. Il montre qu’il est impossible que le RINA ait correctement inspecté le bateau avant de délivrer les certificats car les niveaux de corrosion de l’ERIKA étaient inacceptables. Si l’ERIKA avait été correctement inspecté, il n’aurait jamais obtenu les certificats et il n’aurait JAMAIS pris la mer.
CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS
En 1998, le RINA demande à ce que des travaux structurels soient effectués sur l’ERIKA avant de délivrer les certificats
Le RINA, la société de certification italienne autorisée par le gouvernement, est chargée de certifier l’ERIKA. Un rapport du RINA de février 1998 établit qu’il y a un niveau de corrosion important sur le bateau et que d’importants travaux de réparation doivent être entrepris avant l’octroi des certificats. Durant l’été 1998, les travaux de réparation sont effectués à Bijela, Montenegro. Suite à ces travaux, la pleine certification de l’ERIKA est accordée par le RINA pour cinq ans – expirant ainsi en 2003, soit quatre ans après le naufrage du bateau.
Les travaux de réparation sont effectués sous la supervision d’inspecteurs de la RINA locaux et indépendants
Les travaux de réparation ont été organisés en se basant sur les directives de l’Inspecteur Paolillo. M. Paolillo est un spécialiste approuvé par le RINA qui est chargé d’effectuer les mesures de l’épaisseur de la structure du bateau (« Inspecteur »). M. Paolillo affirme dans son rapport avoir réalisé 7.842 mesures. L’Inspecteur déclare que les mesures sont satisfaisantes et que les travaux sont suffisants. Cependant, le bateau, au lieu de recevoir les 209 tonnes d’acier prévues dans le contrat, ne reçoit que 34,5 tonnes. Le propriétaire paye comme si 209 tonnes avaient été installées. L’Inspecteur ne remarque pas que le renforcement de la structure est insuffisant. L’expert local du RINA ne semble pas le remarquer lui non plus… ou alors il ne base ses conclusions que sur celles de l’Inspecteur.
Si le montant initial prévu de tonnes d’acier avait été respecté, le bateau n’aurait pas coulé.
Les travaux de réparation sont approuvés par le RINA qui accorde pleine certification pour cinq ans.
Contrôle technique de l’ERIKA
Même totalement certifiés, les bateaux doivent subir des contrôles techniques réguliers. En Novembre 1999, M. Alga, l’expert du RINA, écrit un rapport établissant qu’il y a un niveau de corrosion alarmant sur le bateau et qu’il est nécessaire d’effectuer de nouvelles mesures de l’épaisseur de la structure avant Janvier 2000. Le RINA ne prend pas en compte ce rapport et confirme la certification de l’ERIKA.
La Catastrophe
L’ERIKA coule en Décembre 1999.
Le post mortem de l’ERIKA
D’après l’analyse de l’épave, le Rapport des Experts établit que de nombreuses erreurs ont été faites dans l’inspection et dans les travaux de réparation effectués durant l’été 1998.
Le rapport de M. Paolillo, l’Inspecteur des travaux effectués à Bijela, contient un nombre inexplicable d’incohérences:
- M. Paolillo déclare avoir pris 7.842 mesures, mais en fait ceci est matériellement impossible dans le temps qu’il déclare avoir passé sur place.
- De plus, 5.000 mesures uniquement auraient été nécessaires pour effectuer une telle inspection (chose intéressante, les inspecteurs sont payés selon le nombre de mesures effectuées).
- M. Paolillo trouve des mesures de l’épaisseur de la structure identiques sur différents points du bateau. Ceci aurait été impossible vu que l’usure affecte différemment les différentes parties du bateau, jamais de manière similaire.
- M. Paolillo indique des mesures de l’épaisseur parfois équivalentes à celles prises sur un bateau neuf, ce qui est absurde vu l’âge de l’ERIKA.
- Les mesures indiquaient un bateau avec une structure plus épaisse que celle effectivement observée.
De plus, le Rapport des Experts présente les éléments suivants qui pourraient éclairer les raisons pour lesquelles l’Inspecteur a donné le “feu vert” à l’ERIKA et pourquoi les responsables du RINA l’ont confirmé.
- 34,5 tonnes d’acier ont été ajoutées à la structure du bateau au lieu des 209 tonnes prévues dans le contrat et qui avaient été initialement ordonnées conformément à ce qui aurait été nécessaire pour respecter les règles de la RINA; et
- Le montant du devis pour la structure en acier était de 715.000 dollars américains mais seulement 157.000 dollars américains ont été facturés. Quasiment 500.000 dollars américains ont été payés mais n’ont pas servi à payer les travaux.
CONCLUSION
Ce bref résumé présente simplement quelques uns des troublants mystères entourant le désastre de l’ERIKA. Pourquoi le rapport de 225 pages de l’Inspecteur était si résolument positif sur la navigabilité de l’ERIKA? Comment le RINA a-t-il pu accorder une certification de cinq ans étant donné les niveaux de corrosion dont l’ERIKA souffrait ? Tous ces mystères sont évidemment renforcés par le fait que M. Paolillo, l’Inspecteur, est incapable de fournir les détails spécifiques de chaque mesure prise en 1998 parce que son ordinateur a été volé (sic !).
Le Rapport Paolillo contient de nombreuses erreurs et inconsistances. Le RINA aurait du le constater. Le RINA ne l’a pas constaté. Au contraire, il a accordé la pleine certification. Personne en Italie ne semble intéressé par cette affaire. Pourquoi devraient-ils? L’ERIKA n’a pas coulé au large des côtes italiennes…
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4 commenti:
C'est intéressant tout ça... assez révélateur...
Moi, ce qui m'inquiète c'est que l'inspecteur ne sera jamais inquiété alors qu'a cause de lui des km de plages ont été souillés et des gens sont morts. Moi je dis, on aurait du lui faire nettoyer les plages avec ses mains à cet abruti!
vive la justice tiens! on s'interesse plus au fric qu'a la vérité!
honte d'etre française...
Moi, je suis pas d'accord!
D'après ce que tu dis, il faudrait donner pate blanche à Total alors que Total a le fric pour payer les réparations des dégats!!
J'habite dans une des communes sinistrées et je crois que personne ne s'est rendu compte du fric qui est passé dans le nettoyage des cotes... On voit que ce n'est pas toi qui a payé!!
Renseigne toi un peu avant de parler!
Cher Pierre,
Je pense que ce n'est pas la peine de s'énerver. Je comprends tout à fait ce que tu ressens, mais soyons honnete, tu sais tout autant que moi que tout ce procès est une mascarade!
On n'a pas le droit de bacler un procès tout simplement pour faire plaisir à la population. Un procès doit etre juste et équitable.
Tous les éléments ne sont pas pris en compte dans ce procès.
Les deux plus importants sont:
- la culpabilité du RINA qui a laissé la carcasse de l'Erika prendre la mer (si elle avait fait les vérifications nécessaires et obligatoires, elle n'aurait jamais pu laisser l'Erika prendre la mer)
- la culpabilité de l'inspecteur chargé de superviser les travaux de réparation de l'Erika (comment a-t-il pu dire que l'Erika était en parfait état de fonctionnement?)
- l'argent qui a disparu dans cette affaire, vu que 600000 dollars ont été payés mais seulement 100000 utilisés effectivement pour les réparations (ou sont passés les 500000 estants?)
Trois points révélateurs...
Pour plus d'informations, lire ce qu'il y a dans le message du blog...
Réfléchissons plus aux responsabilités que à savoir qui a été le plus touché par la tragédie... Ca ne fera pas avancer les choses!
Bonne soirée
Inutile d'avoir honte d'être Française Amalia... Quel que soit le pays ça sera toujours l'argent et le pouvoir qui régneront. Et quand bien même un procès toucheras l'État (en l'occurrence, un procès de cette envergure touche l'État Français puisque, comme nous le savons tous, il a ses parts dans les revenus de l'industrie), il ne faudra jamais daigner à ce que la population soit satisfaite au détriment des grands de ce monde.
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